Apparition, causes et facteurs
D’abord, il est important de savoir qu’un acouphène n’est pas une maladie, mais bien un symptôme. Il s’agit de la manifestation auditive d’une défaillance qui peut se trouver au système auditif ou d’une autre problématique de santé.
Il en est de même pour les acouphènes : plusieurs facteurs peuvent être associés à l’apparition de ce bruit fantôme. Il peut parfois être difficile d’identifier un seul facteur, car les possibilités sont nombreuses. Cependant, plusieurs solutions et traitements sont disponibles.
Le cerveau, comme vous le savez, est le centre de contrôle de presque tout ce qui se passe dans votre corps : il reçoit l’information, la décode et l’analyse pour que vous puissiez comprendre votre environnement. Comme un ordinateur superpuissant, il cherche toujours à améliorer la qualité de l’information qu’il reçoit, quitte à changer un peu sa manière de fonctionner. C’est ce qu’on appelle la plasticité cérébrale.
Cette capacité de pouvoir changer son fonctionnement est à la fois un outil très précieux pour évoluer et apprendre, mais cela peut cependant mener à certaines erreurs dans le traitement de l’information. Dans le cas du système auditif, on pourrait considérer l’acouphène comme un message d’erreur.
Dans beaucoup de cas, l’acouphène est le résultat d’une diminution de l’apport auditif vers le cerveau, c’est-à-dire que la quantité de son qui se rend au cerveau n’est pas suffisamment élevée : le cerveau essaie de compenser en augmentant le volume du son qu’il reçoit. C’est ce qu’on appelle l’hypothèse du gain central.
Le fait d’être exposé à des bruits de forte intensité et sur de longues périodes de temps laisse des séquelles temporaires ou permanentes au système auditif.
- Décalage Temporaire de Seuil (DTS): le seuil auditif correspond au son le plus faible qui est entendu par une personne, à une fréquence précise. Si le seuil est décalé de façon temporaire à la suite d’une exposition au bruit, cela signifie que cette personne nécessite qu’un son soit plus fort que d’habitude pour être entendu. Cela implique également que certains sons faibles, qui sont habituellement entendus, ne le soient pas, temporairement. Une période de récupération entre 16 à 48 heures peut être nécessaire avant que l’audition revienne à la normale.
- Décalage Permanent du Seuil (DPS) : cela correspond à une perte auditive permanente. Certains sons faibles ne sont plus entendus par la personne et ce, sans possibilité de récupérer.
- Acouphène permanent ou transitoire : présence d’un bruit ou sensation auditive qui n’est pas causée par une source de bruit extérieure. Dans le cas d’expositions répétées au bruit, un acouphène est généralement annonciateur d’un début de perte auditive ou d’une surdité qui n’est pas encore détectée. L’acouphène peut être temporaire (durer de quelques heures à quelques jours) ou permanent.
Un acouphène est souvent l’un des premiers signaux perceptibles d’une perte d’audition : il s’agit d’un signal d’alarme vous avertissant que vous devriez sérieusement songer à protéger votre audition.
Outre les conséquences au niveau de l’audition, le bruit peut aussi avoir des répercussions sur plusieurs aspects de votre santé : il peut affecter la communication, le sommeil, la concentration et la santé mentale, et peut entrainer des problèmes cardio-vasculaires ainsi qu’une réaction de stress.
D’un autre côté, il existe une sorte de contradiction entre les acouphènes et le bruit: celui-ci peut être destructeur et causer une détérioration des acouphènes, mais il peut également faire partie de la thérapie sonore. Utilisé comme masque, il procure un soulagement du son des acouphènes. C’est pourquoi il faut rester prudent au niveau du « dosage », c’est-à-dire la quantité de son à laquelle on s’expose et ce même si on tente de soulager ses acouphènes. Il y a toujours deux variables à prendre en compte : intensité du son (volume) et durée de l’exposition.
Feriez-vous ce qui est nécessaire pour vous protéger des acouphènes?
Rendez-vous à la page « Comment prévenir un acouphène » afin d’en apprendre plus!
Le système auditif est une structure complexe et fascinante! Entre le moment où la vibration sonore atteint votre oreille et celui où cette information sonore est traitée par votre cerveau, beaucoup de connexions doivent se faire à travers un montage de plusieurs structures.
Un acouphène, c’est un peu comme un mauvais contact sur la ligne : pour trouver la source du problème, on doit en vérifier les différentes parties afin de vérifier si elles accomplissent correctement leurs fonctions.
Oreille externe
Constituée de la partie visible de l’oreille, le pavillon, et du conduit auditif externe. Se termine au tympan.
- Le son se propage sous la forme de vibrations de l’air. Il est capté par le pavillon et entre dans le conduit auditif externe.
- Le son résonne dans le conduit auditif externe et il est transformé en vibrations physiques lorsqu’il entre en contact et fait bouger le tympan.
Origines possibles d’un acouphène:
- Accumulation de cérumen / Kyste dans le conduit auditif
- Perforation de la membrane du tympan
Oreille moyenne
Comprend le tympan, la chaine des osselets (marteau, enclume et étrier) et la trompe d’Eustache.
- Transformé en vibration par le tympan, le son se transmet ensuite aux osselets situés dans l’oreille moyenne. Ces osselets sont les trois plus petits os du corps humain et ils forment une chaine qui est suspendue dans l’oreille moyenne et qui relie le tympan à l’oreille interne (la cochlée).
Origines possibles d’un acouphène:
- Infections à l’oreille moyenne
- Otosclérose
- Béance tubaire / dysfonction de la trompe d’Eustache
- Syndrome du muscle tenseur du tympan / myoclonie de l’oreille moyenne
Oreille interne
Elle contient la cochlée (qui est le centre de l’audition) et le vestibule (qui est le centre de l’équilibre)
- Le dernier des osselets, l’étrier, fait une pression sur la fenêtre ovale, qui constitue la porte d’entrée du son dans la cochlée.
- La cochlée ressemble à un colimaçon rempli de liquide. À l’intérieur, on retrouve les cellules ciliées qui ressemblent à des petits poils et qui se plient sous le passage de la vague de son.
- La membrane de la cochlée vibre selon les fréquences du son (du plus aigu vers le plus grave). Cette information est ensuite codée par les cellules ciliées qui la transforment en influx électrique, qui est envoyé dans le nerf auditif en direction du cerveau.
Origines possibles d’un acouphène:
- Dommages aux cellules ciliées / surdité cochléaire
- Traumatisme / choc acoustique
- Maladie de Ménière
Voies auditives et système nerveux auditif central
- Le nerf auditif est l’autoroute d’informations provenant du système auditif périphérique (les oreilles externe, moyenne et interne) vers le système nerveux central (le cerveau). L’information auditive est captée par les terminaisons nerveuses du nerf auditif qui se trouvent dans la cochlée et elle est envoyée vers d’autres structures du système central qui seront responsables de la trier, de la traiter et éventuellement de comprendre ce qui est entendu.
Origines possibles d’un acouphène:
- Perte auditive cachée
- Schwannome vestibulaire (Neurinome de l’acoustique)
- Sclérose en plaques
Autres facteurs
Il se peut que l’origine ou l’un des facteurs aggravants de l’acouphène ne soient pas directement en rapport avec le système auditif. En effet, certaines habitudes de vie ou conditions de santé peuvent venir affecter la façon dont vous entendez.
Origines possibles d’un acouphène:
- Traumatisme crânien
- Acouphènes somatiques
- Problèmes métaboliques / désordres immunologiques
- Troubles cardio-vasculaires
- Troubles du sommeil
- Médicaments
- Habitudes de vie
Le stress est un concept dont on entend beaucoup parler dans plusieurs sphères de la vie quotidienne : stress sur en milieu de travail, stress de performer, stress de bien gérer la vie de famille, etc.
Qu’en est-il de la relation entre le stress et les acouphènes? De plus en plus d’études démontrent que des liens unissent ces deux éléments. En effet, de nombreuses personnes affirment que leur acouphène devient plus fort et plus dérangeant pendant des périodes de grand stress. D’un autre côté, plusieurs personnes ont rapporté que leur acouphène était apparu à la suite d’un évènement particulièrement stressant et pénible émotionnellement, comme un deuil ou une période difficile au travail. Le seul contrôle que l’individu peut avoir sur ces situations, c’est sa RÉACTION à ce qui lui arrive.
Qu’est-ce que le stress?
À la base, le stress n’est pas complètement négatif. Il s’agit d’une réaction naturelle qu’a le corps d’affronter des situations difficiles ou complexes, tant physiquement que psychologiquement, un peu comme l’instinct de survie. Lorsqu’une situation est considérée comme menaçante par le cerveau, celui-ci envoie des hormones à l’ensemble du corps afin d’augmenter son niveau de performance : le cœur bat plus vite, la respiration s’accélère, l’état de vigilance est à son maximum. Le corps est donc prêt à faire face à la situation dangereuse.
Le problème avec ce système, c’est qu’il ne fait pas la différence entre un danger ponctuel (exemple : fuir devant un animal menaçant) et un état de stress prolongé (exemple : être constamment sous tension afin d’accomplir toutes les obligations qui vous incombent, à la maison comme au travail). La réaction du corps reste la même dans ces deux types de situation. Lorsque la réponse de stress se maintient sur une trop longue période, le corps n’est plus capable de bien gérer la réaction au stress. C’est à ce moment que des effets négatifs peuvent survenir : problèmes de santé physique et mentale.
Les effets du stress sur l’organisme et le système auditif
La réaction du corps à un agent stressant se fait par un mécanisme complexe du système nerveux autonome (c’est-à-dire qu’on n’a pas à y penser pour qu’il fonctionne).
D’une part, le système nerveux sympathique déclare l’état d’alerte en provoquant la sécrétion d’une série d’hormones (agents chimiques) qui accélèrent le rythme cardiaque, diminuent les mouvements digestifs, favorisent la tension des muscles, etc. pour la réaction de fuite ou de combat devant une menace quelconque.
D’autre part, quand la menace est passée, le système nerveux parasympathique ramène le corps à un état de repos, de calme et de tranquillité.
La relaxation peut avoir le même effet que le système nerveux parasympathique quand le système nerveux sympathique “s’excite” pour un danger réel ou non.
Il est important de comprendre que l’état d’alerte trop fréquent créé par des situations ou des événements stressants, par des peurs et des inquiétudes avec ou sans fondement, peut entraîner des effets négatifs sur le corps tout entier et le système auditif.
La réaction du corps au stress était utile du temps de nos ancêtres pour survivre dans des conditions de vie dangereuses. Le stress moderne est plus psychologique que physique (anxiété, découragement, sentiment d’inutilité…) mais ses effets physiologiques sont évidents et réels: nervosité, tremblement, insomnie, ulcères d’estomac, problèmes cardiaques…
Le corps se fatigue, et diminue alors l’apport d’oxygène, de glucose, de minéraux à tous les tissus. L’énergie biochimique est faible, le corps est sujet à des infections.
Le système auditif est dépendant d’un équilibre énergétique pour son bon fonctionnement: le stress, par ses effets sur la circulation des petits vaisseaux sanguins au niveau de l’oreille (vasoconstriction), peut provoquer des acouphènes ou en augmenter la fréquence d’apparition et son intensité chez ceux qui en souffrent déjà.
Quel est le lien avec les acouphènes?
Un acouphène peut apparaître subitement, du jour au lendemain. Pour certaines personnes, il s’agira seulement d’un bruit de fond : désagréable, mais sans plus. Pour d’autres, ce son fantôme pourrait être considéré comme inquiétant et dérangeant par la personne. Le dérangement et la peur associés à l’acouphène pourraient être tels que ce son serait classé comme signal d’alarme par le cerveau et déclencher une réaction de stress. Ce qui se passe par la suite est un cercle vicieux : l’acouphène est considéré comme une menace et déclenche la réaction de stress, et cette réaction de stress maintient et aggrave les symptômes de l’acouphène. Il est donc important de considérer le facteur de stress lors de l’évaluation et du traitement des acouphènes.
De plus, plusieurs études ont démontré que le stress pouvait à long terme contribuer au développement de certaines maladies mentales. Parmi les personnes ayant un acouphène chronique et dérangeant, jusqu’à la moitié d’entre elles était sujette à recevoir un diagnostic d’une ou plusieurs conditions psychologiques, telles que l’anxiété, la dépression ou des troubles de l’humeur. Il y a donc beaucoup de personnes qui souffrent d’acouphènes sévères et qui souffrent également de problèmes de santé mentale.L’influence de la santé mentale est telle que dans plusieurs études, il a été démontré que l’indice de stress ou le degré d’épuisement émotionnel étaient meilleurs pour indiquer le dérangement causé par l’acouphène que le niveau d’exposition au bruit ou le degré de surdité. Cela signifie que dans beaucoup de cas, le fait d’agir et de travailler sur la santé émotionnelle est un premier pas à faire dans la gestion de ses acouphènes, car même si une part du problème peut provenir d’un problème de santé physique, la part psychologique et émotionnelle y est pour beaucoup plus qu’on pense.
Il se produit souvent chez certaines personnes des réactions d’anxiété et de dépression, d’inquiétude et de “mal-être”, des attitudes d’intolérance et d’instabilité dans leurs relations avec autrui, créant ainsi un cercle vicieux: les acouphènes provoquent un stress chez l’individu, le stress provoque une augmentation des acouphènes, qui eux augmentent le stress et ainsi de suite…
- Parce que les acouphènes se présentent souvent de façon subite, souvent aussi en même temps que beaucoup d’autres événements stressants.
- Parce que l’individu ne semble avoir aucun contrôle sur ces bruits dérangeants.
- Parce que la cause des acouphènes est souvent mal identifiée ou inconnue.
- Parce que l’individu a peur de devenir sourd ou de devenir fou.
- Parce que l’individu ne veut pas ou ne peut pas en parler ou, s’il le fait, il est souvent incompris.
- Parce que l’acouphène dérange le sommeil et la concentration.
Heureusement, la relaxation peut briser ce cercle vicieux. Si la réaction de l’individu à l’acouphène détermine une grande partie de son problème, elle détermine aussi une grande partie de sa solution.
Parmi les solutions à court terme, l’apprentissage de techniques de relaxation est suggéré. Un travail personnel sur sa perception de l’acouphène pourrait également être envisagé, soit en tentant de diminuer l’attention qui y est portée ou en utilisant des techniques d’autosuggestion.
À long terme, il pourrait s’avérer positif d’aller chercher un soutien psychologique ou thérapeutique, afin de développer des stratégies pour s’adapter à son acouphène et de modifier ses mauvaises habitudes, s’il y a lieu. Il serait également bénéfique de développer des techniques de relaxation et de gestion du temps.
Dans certains cas où la source de l’acouphène est médicale et traitable, il est possible que l’acouphène persiste, même après le traitement. Comment cela est-il possible? Encore une fois, il est probable que cela soit en lien avec la restructuration de votre cerveau : c’est la plasticité qui opère.
Entendre un acouphène comporte 2 facettes : le son qui est entendu et la réaction de la personne qui entend ce son. Parmi toutes les personnes affirmant entendre un acouphène, seulement 10 à 15% se disent réellement dérangées par la présence de ce son fantôme et selon plusieurs chercheurs, le dérangement d’une personne n’est pas en fonction de l’intensité à laquelle elle entend son acouphène. Cela signifie qu’en comparant deux personnes acouphéniques, l’une pourrait entendre un acouphène plus fort, mais être moins dérangée qu’une autre, qui entend son acouphène beaucoup moins fort.
Tout est une question de réaction : certains considèrent l’apparition d’un acouphène comme un évènement anodin, d’autres la considèrent comme un danger. Les personnes appartenant à cette deuxième catégorie se poseront plusieurs questions du type « Suis-je normal? Ai-je une maladie grave? Est-ce que je deviens fou? ». Il est possible qu’elles ressentent de l’anxiété, de l’impuissance et même de la colère. Le problème est que le corps réagit de manière autonome lorsqu’il se sent en situation de danger : transpiration, augmentation du rythme cardiaque et de la pression sanguine. Il s’agit du même type de réaction que vous auriez si vous deviez fuir une situation dangereuse. Toutes ces réactions sont contrôlées par un secteur du cerveau que l’on appelle le système limbique.
Par conséquent, si une personne considère l’apparition de l’acouphène comme une « attaque », son cerveau et son corps réagiront comme si elle était en situation dangereuse : stress, réaction émotionnelle, hyper vigilance du symptôme, etc. Lorsque cette réaction se fait sur une longue période, le corps apprend à associer de façon permanente le bruit de l’acouphène à des réactions négatives, et la personne s’en trouve plus affectée.