Comment prévenir l’acouphène

Personne ne souhaite un jour devoir composer avec la présence continuelle et irritante d’un acouphène. Dans certains cas, l’acouphène est issu ou associé à une problématique de santé, il est donc difficilement évitable. Par contre, l’un des principaux facteurs de risque des problèmes auditifs, dont font partie les acouphènes et les pertes auditives, est l’exposition au bruit. Le bruit est ici un terme général qui englobe tous les sons qui sont potentiellement dommageables pour l’oreille : les sons émis par de la machinerie, par des outils, par des moyens de transport ou des armes à feu, mais aussi la musique, qu’elle soit issue d’un bar, d’un spectacle en direct, de la pratique d’un instrument ou d’un système d’écoute portatif.

Un son est généralement défini par trois caractéristiques :

  1. La fréquence : il s’agit de la hauteur du son. Il peut être grave, moyen ou aigu. La fréquence est mesurée en Hertz (Hz).
  2. L’intensité : il s’agit du volume du son (faible ou fort). L’intensité est mesurée en décibels (dB)
  3. La durée : il s’agit de l’intervalle de temps pendant lequel le son est perçu.
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Ces trois paramètres sont importants à considérer pour évaluer si un son est dangereux ou non.

1. La fréquence (Hz) :

Habituellement, un bruit n’a pas de fréquence ou hauteur précise, il s’agit d’un ensemble de sons superposés et aléatoires. Certains appareils ou outils peuvent avoir une hauteur plus ou moins définie : on n’a qu’à penser au sifflement aigu d’une perceuse ou au vrombissement d’un moteur. Ce qui est important à savoir, c’est que si vous êtes exposé à un bruit avec une hauteur constante sur une longue période de temps, il se peut que ce type de bruit endommage votre audition aux fréquences correspondantes. Par exemple, un entraineur de sport qui souffle à répétition dans un sifflet qui émet un son aigu pourrait, après un certain temps, ne plus bien entendre les sons similaires à celui du sifflet ou développer un acouphène dont le son est à la même hauteur que celui du sifflet. Cela indique que ce son a endommagé le système auditif à la partie spécifique qui correspond à sa hauteur (fréquence).

2. L’intensité (dB) :

La sensation d’intensité du son est reliée à la perception de l’énergie qui est contenue dans le son : un son qui semble faible à l’oreille a peu d’énergie et un son qui semble fort possède beaucoup d’énergie. L’intensité du son est représentée par l’échelle des décibels (dB). Cette échelle d’intensité peut être trompeuse pour les gens qui la connaissent mal, car il s’agit d’une échelle logarithmique : pour chaque tranche de 3 dB qui s’ajoute à l’intensité du son, l’énergie sonore double!

Pour les bruits de petite intensité, cela ne fait pas une grande différence, mais lorsqu’on prend en compte les intensités élevées, cela explique pourquoi une augmentation de 3 dB diminue de moitié le temps auquel on peut s’exposer à un bruit sans danger.

Pour mieux comprendre : imaginez un groupe rock très bruyant. Il émet sa musique à 100 dB. Si un autre groupe de musique identique se place directement à côté, l’énergie sonore double, mais l’intensité augmente seulement à 103 dB. Doublez encore ce nombre et ajoutez deux autres groupes (quatre groupes rock au total), l’intensité passe alors à 106 dB, et ainsi de suite.

Voilà pourquoi il faut être très prudent avec les sons de forte intensité : il peuvent rapidement devenir extrêmement dangereux pour le système auditif. Inversement, à des niveaux élevés, une petite baisse peut produire une plus grande différence pour la protection de votre audition.

Généralement, on commence à considérer qu’un bruit est dangereux à partir de 85 dB(A) s’il est entendu sur une période de temps supérieure à huit heures. (Voir la section sur le « Bruit au travail»)

3. Temps :

Le temps est souvent la variable oubliée lorsqu’on doit considérer si un son est dangereux ou non. Un bruit de 85 dB (A) peut être inoffensif s’il n’est entendu que pendant quelques minutes ou même pendant une heure. Cependant, si l’exposition à ce bruit se poursuit tout au long de la journée, et ce plusieurs jours par semaine (par exemple sur un lieu de travail), il se peut que ce bruit devienne extrêmement nocif pour l’audition de la personne.

De plus, les expositions au bruit ont un effet cumulatif. Le système auditif est un système qui est incapable de se régénérer. Lorsqu’il y a des dommages, ceux-ci sont permanents par la suite. En général, ces dommages prennent plusieurs années avant de se manifester sous forme de symptômes comme une perte auditive ou un acouphène. C’est pourquoi il ne faut pas attendre de ressentir de tels symptômes avant d’agir sur la protection de son audition.

Un son est généralement défini par trois caractéristiques :

Plusieurs milieux de travail sont propices à développer des problèmes auditifs en raison du bruit : tous les milieux ouvriers qui impliquent de la machinerie, les mines, les garages, sans oublier l’armée… Même les dentistes et les hygiénistes dentaires ne sont pas à l’abri du bruit en raison de leur équipement de travail! Des mesures sont généralement mises en place pour protéger l’audition des citoyens.

Tous les travailleurs sont protégés par la Loi sur la santé et la sécurité du travail et le Règlement sur la santé et la sécurité au travail. Selon ces lois, un travailleur ne peut être exposé à des niveaux de bruit supérieurs aux limites déterminées comme sécuritaires.

Niveau de bruitTemps d’exposition cummulatif permis (h/jour)
8516
908
954
1002
1051
1100,5
1150,25
115+0


(Malheureusement, le Québec est la plus permissive des provinces canadiennes en ce qui concerne les niveaux d’exposition au bruit considérés comme sécuritaires)

Si le lieu de travail n’est pas en mesure d’offrir un environnement de travail dont le niveau de bruit est inférieur à ces normes, il se voit dans l’obligation de :

  1. Réduire le bruit à la source;
  2. Isoler tout poste de travail exposé à ce bruit;
  3. Insonoriser les locaux de travail.

Dans le cas où les niveaux de bruit continuent à excéder les normes, l’employeur est dans l’obligation de fournir aux travailleurs des protections auditives qui possèdent un niveau d’atténuation suffisant pour rendre le niveau de bruit sécuritaire.

La mesure du niveau de bruit d’un poste de travail doit être évaluée au moins une fois par an dans les établissements qui emploient plus de 50 personnes et où le niveau de bruit est susceptible de dépasser les normes mentionnées précédemment.

(Informations issues de Loi sur la santé et la sécurité du travail (L.R.Q., c. 2.1) Règlement sur la santé et la sécurité au travail (D. 885-2001), Section XV, articles 130 à 141.)

Pour plus de détails sur la question de la santé auditive au travail, référez-vous au Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail.

Pour terminer, à tous les travailleurs qui sont exposés au bruit, n’oubliez pas que même si les niveaux de bruit dans votre lieu de travail n’excèdent pas les limites autorisées, et même en ayant accès à des protections auditives, l’effet du bruit est cumulatif. Cela signifie que le compteur ne se remet pas à zéro lors du retour à la maison. Les niveaux de bruit sécuritaires supposent que la personne ne sera exposée à aucun bruit supplémentaire à la suite de son quart de travail : cela n’est souvent pas réaliste. Vous pourriez mettre votre audition à risque sans le savoir.

Ces trois paramètres sont importants à considérer pour évaluer si un son est dangereux ou non.

Alors qu’on tente de plus en plus de protéger les travailleurs du bruit sur leurs lieux de travail, il en est tout autre pour le bruit issu des activités de loisir, qui est de plus en plus présent dans notre quotidien. Plusieurs lieux ou activités produisent des niveaux de bruit supérieurs aux limites sécuritaires et malheureusement dans ces contextes, aucune protection n’est requise. Jusqu’à 86% des gens ont déjà fait l’expérience d’un acouphène temporaire à la suite d’une exposition au bruit dans le cadre de leurs activités de loisir. Cela est inquiétant puisqu’un acouphène, même temporaire, est un signal que le système auditif a été endommagé. Pourtant, beaucoup prendront cet « avertissement » à la légère puisqu’il s’agit d’une séquelle relativement commune.

Voici quelques activités qui devraient être surveillées :

  • Bar / Discothèque / Rave ;
  • Concerts / festivals ;
  • Participation à un groupe de musique / orchestre ou pratique d’un instrument;
  • Évènements sportifs / rassemblement de foule;
  • Classes de danse / fitness ;
  • Activités de tir/ chasse.

On peut généralement estimer si un niveau de bruit est potentiellement dangereux lorsque l’on doit élever la voix pour parler à quelqu’un qui se trouve à un mètre de nous. Si c’est le cas, il est conseillé de ne pas se soumettre à ce bruit pendant une longue période de temps, de s’éloigner de la source de bruit ou de porter des protections auditives pour diminuer le niveau de bruit à un niveau plus sécuritaire.

L’avènement sur le marché des lecteurs de musique portables a été une véritable révolution quant à la relation qu’entretiennent les gens avec la musique. Elle est désormais à portée de main, en tout temps : on insère les écouteurs dans ses oreilles et on peut s’évader dans l’univers musical qui nous convient. Malgré les très nombreux points positifs que cela a pu apporter, il n’en reste pas moins que cela a entrainé l’adoption de plusieurs comportements dangereux pour l’audition. Vos oreilles n’ont pas évolué au même rythme que la technologie : elles peuvent difficilement supporter la musique à aussi forte intensité, sur une aussi longue période.

Tout le monde a, un jour, vécu la situation d’être dans un lieu public et d’entendre la musique de son voisin aussi bien que si vous vouliez vous-même l’écouter. Ce genre de comportement est commun, et pourtant hautement dangereux pour la santé auditive! Pourquoi plusieurs personnes continuent-elles d’écouter leur musique à de tels niveaux, tout en sachant les effets négatifs qui pourraient survenir?

  • Surtout chez les jeunes, la perte auditive est considérée comme un problème de personne plus âgée, dont il n’est pas nécessaire de se préoccuper en urgence. Il est toujours possible de remettre à demain le moment où l’on va modifier un comportement néfaste, puisque les conséquences ne sont pas immédiates.
  • La musique amplifiée peut produire chez l’auditeur des effets comme des changements au niveau de l’humeur (par exemple : une mauvaise journée prend un meilleur tournant lors de l’écoute de sa chanson préférée) et de l’état d’éveil (par exemple : l’écoute d’une musique rythmée pour se réveiller), elle peut même produire une sentiment de manque si l’envie d’écouter sa musique n’est pas assouvie.

Pourquoi continuer d’écouter sa musique si forte?

Étonnamment ou non, plusieurs chercheurs ont constaté que l’écoute de la musique pouvait provoquer chez certains mélomanes des attitudes similaires à celles des toxicomanes! Certains peuvent écouter leur musique à des niveaux qui excèdent leur tolérance aux sons forts. Au niveau de l’activité électrique du cerveau, on aurait remarqué une augmentation de l’activité dans les zones liées à la récompense, comme celles que l’on retrouve chez les personnes aux comportements addictifs. Ces personnes ressentent le besoin de recommencer l’expérience quotidiennement, même en sachant que des conséquences négatives y sont probablement liées.

Pensez comme il est ironique d’endommager votre audition avec de la musique, alors que c’est justement ce sens qui vous permet d’en profiter… La modération n’a souvent rien de réjouissant, mais c’est la seule solution si vous voulez continuer de profiter de votre musique encore longtemps!

  • Écoutez une heure de musique par jour, à 60% de la capacité maximale de votre lecteur portatif;
  • Évitez d’écouter votre musique dans des lieux bruyants, où il vous faut compenser le bruit ambiant en augmentant le volume de votre appareil;
  • Procurez-vous des écouteurs ayant une fonction suppression de bruit, qui vous évitent de devoir compenser pour le bruit ambiant;
  • Évitez de vous endormir avec vos écouteurs en place et votre lecteur en fonction.
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